Comme un Manset sans voyage
Sur des routes imaginaires
Comme un regard sans paysage
Il ne reste qu'un long mur de pierres.
Parti avec armes et bagages
Au loin gronde le tonnerre
Le ciel est bas, tant de nuages
J'attends la pluie, mouille la terre.
Je ne courrai pas vers cet orage
Je ne crains rien de sa colère
La plage est nue, pas de naufrage
Roulent galets, grise la mer.
Je vais dormir sur son rivage
Et puis sourire les yeux ouverts
Me souvenir de ce courage
Du froid mordant de ces hivers.
Comme un soldat sans paquetage
J'ai déjà oublié la guerre
Pourtant je sais bien qu'elle fait rage
De l'autre côté de la frontière.
La nuit viendra fière et sauvage
Son voile tendu vers la rivière
Et j'irai boire son breuvage
Épaule contre épaule, solitaire.
Quelques brindilles, maigre chauffage
Les mains tendues vers sa lumière
J'attends le jour, un sauvetage
Des cendres froides au matin clair.
C'est un peu le "Nowhere man" de John
Qu'il chante comme pour se rassurer
Ici les guitares n'ont plus de cordes
Beaucoup de chants sont oubliés.
Ici le monde n'a pas d'âge
Quelques pensées et puis me taire
Ici les livres n'ont pas de pages
De toutes ces lignes, de tous ces mots
Personne pour me dire :
Qu'en faire...? |